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Les P’tites Michu, nouveau succès des Brigands à l’Athénée

Hélène Kuttner 21 juin 2018
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©NPStefanovitch

Sous l’impulsion du Palazzeto Bru Zane dont la vocation est la redécouverte d’oeuvres romantiques du 19° siècle, la compagnie Les Brigands présente une opérette oubliée d’André Messager. L’histoire de deux jeunes filles dont on a confondu les identités dans un bain vaporeux sous la Révolution Française : abracadabrant et hilarant !

La vie n’est pas un long fleuve tranquille

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Pour preuve, ces « P’tites Michu » que les librettistes Vanloo et Duval adressent à André Messager en 1897, alors que le compositeur est au bord de la déprime après l’échec cuisant de son dernier opéra « Le Chevalier d’Harmental ».  Deux jeunes filles drôles et pleines de vie, élevées par un couple de commerçants des Halles, les Michu, mais que l’arrivée d’un général venu marier sa fille vient perturber. Nous sommes début 19°, après la Révolution Française et après que la Terreur ait envoyé le Marquis des If faire la guerre, laissant au couple Michu sa petite fille. Les Michu, eux, ont aussi une fille, et mélangent sans faire attention les deux gamines, Blanche-Marie et Marie-Blanche dans les bulles d’un bain.

Mélange des genres

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L’argument est forcément drôle, les quiproquos innombrables et le livret, alternant dialogues parlés et chantés à travers une succession de scènes cocasses et décalées, est une formidable machine à jouer. André Messager se saisit de tout cela et y brode une partition légère, lumineuse et d’une élégance alerte, parfaitement faite pour un petit orchestre. Celui des Brigands, qui a dépêché dans la fosse 12 jeunes musiciens en alternance, sous la direction précise et juste de Pierre Dumoussaud, parvient une nouvelle fois à la réussite totale. Mis en scène par Rémy Barché dans une scénographie tout en rose, dont les nombreuses images animées ( Marianne Tricot) dessinent un film des années vingt, tendre et subtil, le spectacle s’écoute et se regarde avec un immense plaisir qui allie intelligemment l’invention visuelle et la qualité vocale.

De jeunes chanteurs très inventifs

©NPStefanovitch

Il faut saluer la performance et la formidable inventivité des jeunes chanteurs, se moulant dans une mise en scène burlesque, jouant avec les figures animées, qui composent cette opérette qui n’a jamais cessé d’avoir du succès, des Etats-Unis à la Nouvelle Zélande. Violette Polchi, jeune mezzo-soprano qui a déjà un solide parcours, est une ravissante et piquante Marie-Blanche, sensuelle et insolente à souhait, tandis que la soprano blonde Anne-Aurore Cochet, Blanche-Marie, compose son pendant, une jeune fille réservée et sensible. Toutes les deux, mais aussi tous les autres chanteurs, possèdent une présence scénique remarquable, le corps élastique et le timbre clair, projection et diction parfaites. Dans le rôle de Gaston, le baryton Philippe Estèphe joue de la séduction et de la pruderie en alternance, avec un beau museau de fiancé, tandis que Boris Grappe impose sa stature et sa voix de Général des Ifs avec une prestance et une autorité indiscutable. Marie Lenormand, Mme Michu et Damien Bigourdan, son mari, sont impayables de bêtise et de cocasserie, allure Deschiens dans des costumes aux teintes acidulées (Oria Steenkiste). Artavazd Sargsyan (Aristide), Romain Dayez (Bagnolet) et Caroline Meng (Herpin) complètent cette distribution épatante en composant des personnages fantasques et burlesques à souhait. On se régale, on rit, on compatit, l’opérette nous réveille ainsi comme une mer déchaînée et on en redemande !

Hélène Kuttner 

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